1. Quitter Montargis, quitter l’ancien monde
Quand mes parents ont été mutés en Pologne, j’ai résisté intérieurement. À cet âge-là, on croit que le monde se limite à son quartier, à son lycée, à ses repères fragiles.
On ne comprend pas encore qu’être arraché à ce qu’on connaît… c’est parfois la plus grande chance qui puisse nous arriver. Et pourtant, Varsovie m’a ouvert une porte que je n’aurais jamais franchie seul.
Ce que j’ai compris plus tard
Quitter un cadre familier, c’est aussi quitter une identité limitée. C’est être obligé de se réinventer.
Ce que ça change
En arrivant là-bas, j’ai laissé derrière moi l’enfant blessé. Et sans le savoir, j’ai commencé à devenir quelqu’un d’autre.
2. Une adolescence pluriculturelle : la fin du “Me, Myself and I”
Mes meilleurs amis à Varsovie s’appelaient Ferhad et Manuel.
Belgo-turc pour l’un, allemand pour l’autre. Autour de nous : des Polonais, des Hongrois, des Espagnols, des Bretons, des Anglais… Nous étions une petite constellation d’identités, de langues, de cultures. Et tout ce que je croyais “normal”, “acquis”, “évident”… s’est fissuré.
Ce que j’ai découvert
La vision du monde centrée sur soi — si courante à l’adolescence — n’avait plus de sens. J’ai compris que je n’étais ni au centre du monde, ni victime du monde. J’étais juste un être parmi d’autres, différent comme eux, semblable comme eux.
Ce que ça change
La différence cessait d’être une menace. Elle devenait une richesse.
3. La musique : un langage universel
Avec Ferhad et Manuel, on passait des heures à écouter de la musique. Un vrai âge d’or : Metallica, Nirvana, Red Hot Chili Peppers, Guns N’ Roses, Rage Against The Machine… On ne parlait pas la même langue. On n’avait pas la même culture. Mais quand on appuyait sur “Play”, tout le monde comprenait.
La musique n’avait pas besoin de traduction.
Elle nous reliait instantanément. Elle dissolvait les frontières, les différences, les peurs.
Ce que ça change
C’est à Varsovie que j’ai compris quelque chose qui ne me quittera jamais : l’expression artistique est universelle. Elle touche l’humain avant la culture.
4. Voir plus large, voir plus loin
Ces trois années m’ont appris l’ouverture. J’ai découvert d’autres manières de penser, de vivre, d’aimer, d’exister. J’ai découvert les premières discussions profondes, les premières introspections, les premiers flirts, les premiers défis personnels.
Varsovie a fissuré mes certitudes pour me donner un horizon.
Ce que ça change
Là où mon monde semblait petit, uniforme, contraint… il est devenu vaste, complexe, riche.
5. Une conscience qui s’élargit
La colère de mon enfance n’a pas disparu. Mais elle s’est transformée. Elle s’est orientée vers quelque chose de plus grand, plus juste : la compréhension, la tolérance, l’empathie. Varsovie m’a montré que les êtres humains peuvent être différents à tous les niveaux — et pourtant profondément reliés.
Ce fut ma première initiation au monde.
Et mon premier contact avec une conscience plus vaste que la mienne.
Ce que ça change
J’ai cessé de regarder la vie depuis mes blessures. J’ai commencé à la regarder depuis ma curiosité.
Conclusion
Quand je repense à ces trois années, je réalise à quel point elles ont façonné la suite. Elles ont ouvert ma conscience. Elles ont mis fin à une vision nombriliste et limitée du monde.
Elles ont enraciné en moi une certitude : la différence n’est pas un obstacle — c’est une porte vers l’autre. Varsovie m’a appris l’adaptabilité, la nuance, l’écoute, la curiosité. Elle m’a montré que l’humain est bien plus vaste que ce qu’on en dit. Et surtout, elle a renforcé ce fil sacré : la musique comme langage universel, comme espace de rencontre, comme vérité intérieure.
Ce chapitre a été un tournant et une chance aussi qui m'a été offerte, de m'agrandir et de percevoir un premier souffle de liberté.






