1. Le poids du regard des autres
Grandir dans une famille qui porte la différence, c’est vivre en permanence sous un projecteur invisible.
Très tôt, j’ai senti les jugements :
• les regards gênés
• les comparaisons
• les suppositions
• l’absence d’empathie
• les pensées silencieuses qui blessent plus que les mots
Ce que ça crée chez un enfant
On se sent “à part”. On croit que quelque chose cloche chez nous. Et tout ce qu’on ne comprend pas… on le transforme en colère.
Ce que j’en retire aujourd’hui
Le regard des autres est une projection — jamais une vérité. Et souvent, ce qu’ils jugent, c’est leur propre peur de la différence.
2. La colère : une émotion incomprise… mais fondatrice
J’étais un enfant en colère. Mais pas contre ma sœur. Contre l’injustice du monde. Contre ceux qui jugeaient sans savoir. Contre les adultes qui mettaient des étiquettes pour ne pas avoir à regarder en face. Contre les enfants qui répétaient ce qu’ils entendaient chez eux.
À l’époque, je croyais que cette colère était un problème.
Aujourd’hui, je sais qu’elle était un appel intérieur.
La colère est une boussole.
Elle montre là où quelque chose doit être transformé.
Ce que ça change
Au lieu de la refouler, je l’ai écoutée. Et elle m’a appris la justice, la loyauté, la protection, la vérité.
3. Comprendre mes parents : une révélation tardive
Il m’a fallu du temps pour comprendre ce qu’ils portaient :
• la culpabilité diffuse de ma mère
• la résignation silencieuse de mon père
• leurs propres blessures non guéries
• leurs peurs et leurs doutes
Je ne voyais que la surface. Je ne percevais pas leur bataille intérieure.
Ce que j’ai compris plus tard
Il faut parfois devenir adulte pour décoder l’histoire cachée de ses parents.
Ce que ça change
J’ai appris la compassion. J’ai compris que chacun fait du mieux qu’il peut avec ce qu’il a. Et que leurs émotions n’étaient pas les miennes.
4. Le début de l’émancipation intérieure
Vers 17–18 ans, quelque chose s’est déplacé en moi. Une bascule, un éclaircissement, un premier éveil.
J’ai compris que :
• ma sœur n’était pas la cause des regards
• elle était la cible
• et qu’elle était, avant tout, une âme délicate dans un monde trop rude
Ce que ça m’a appris
À regarder au-delà des apparences. À sentir la sensibilité là où beaucoup ne voient que “la différence”.
Ce que ça change
J’ai posé la première pierre de mon autonomie intérieure : celle de refuser les récits imposés et choisir ma propre manière de voir le monde.
5. Une intuition spirituelle déjà présente
Au primaire, dans cette école catholique où l’on priait chaque mercredi, je ne suivais pas par obéissance. Je suivais parce que quelque chose résonnait en moi. Je ressentais la présence d'une force plus grande, non pas extérieure… mais intérieure.
Une évidence douce, déjà là.
Ce que ça change
J’ai compris bien plus tard que cette intuition me guidait depuis toujours. Elle allait devenir un fil conducteur… jusqu’à Cedart Studio.
Conclusion
En revisitant cette période, je réalise quelque chose d’essentiel : toutes les blessures de l’enfance ne sont pas des obstacles. Certaines sont des matrices. Elles sculptent la sensibilité. Elles ouvrent la conscience. Elles rendent plus juste, plus vrai, plus humain.
Cet enfant qui se débattait avec la colère est devenu un adulte qui cherche la liberté. Un créateur capable de sentir les vibrations des autres. Un homme guidé par une foi intérieure plutôt que par les injonctions extérieures.
Et peut-être que toi aussi, quelque part dans ton histoire, se trouve une graine de lumière qui n’attend qu’un regard plus doux pour éclore.






